En à peine six ans, la discrète boutique Adviso Partners s'est faite une place dans le paysage
du M&A français. Elle nourrit de fortes ambitions, portée par son positionnement résolument
généraliste et ses multiples implantations régionales.
Si elle commence juste à parler, la
jeune banque d'affaires Adviso
Partners a marché très tôt.
Il faut dire que son père, Bertrand
Thimonier, avait ses entrées après plus
d'une dizaine d'années passées chez
Sodica, la boutique M&A small et
mid cap du groupe Crédit Agricole.
C'est avec le même positionnement,
mais sous l'ombrelle d'une banque
concurrente Banque Populaire, et
celle du cabinet d'avocats en droit des
affaires Fidal - les parrains et marraines
d'Adviso Partners, en quelque sorte
- qu'il s'est lancé dans l'aventure
entrepreneuriale en janvier 2015.
"Lorsque je sors de la salle du closing
Adviso Partners, je suis tout seul", se
souvient le fondateur, avec ses faux airs
de Karl Zéro, période Canal+. Même
look, même franc-parler aussi. "Il fallait
vraiment croire en l'idée" poursuit-il.
"Pendant six ans et discrètement, j'ai
construit et structuré l'entreprise avec
pour objectif d'apporter le meilleur
conseil au client, c'est-à-dire en jouant
"ma vie" sur chacun des deals." Pas
avare de métaphores, le fondateur
et dirigeant veut voir sa progéniture
jouer dans la cour des grands. Une
croissance de 50% par an, 15 millions
d'euros de chiffres d'affaires l'an
dernier, montre qu'elle apprend vite.
"Nous commençons un peu à faire
parler de nous mais notre réputation
nous précède, celle de faire des
opérations primaires plutôt en régions,
celle de parfaitement conseiller nos
clients aussi, avec une récurrence
forte puisque la plupart d'entre eux
reviennent après leur premier mandat donné à Adviso Partners", explique
Bertrand Thimonier.
A bonne école
Adviso Partners est active sur le segment
smid cap, avec des affaires valorisées
entre 20 et 150 millions d'euros et
un coeur de cible aux alentours de 60
millions d'euros. La banque d'affaires
a bouclé une centaine d'opérations
depuis sa création, en majorité à la
vente, en primaire, avec un profil
plutôt orienté sur les PME détenues
par une famille ou un dirigeant. Les
deux réseaux partenaires - BPCE et
Fidal - apportent environ un tiers
des opérations, de toute la France.
Côté acheteurs, Adviso Partners fait
affaire pour moitié avec des fonds
de private equity, pour l'autre avec
des industriels. Elle compte quatre
implantations en plus du siège parisien
du 38 avenue Hoche, dans le huitième
arrondissement : Lille, Lyon, Bordeaux
et Nantes. Près d'une quarantaine de
professionnels y travaillent, un nombre
amené à augmenter dans les prochains
mois. Très attentif au recrutement,
Bertrand Thimonier attribue "la
réussite d'Adviso Partners à ses talents,
les meilleurs dans leur spécialité, que
je suis allé chercher et que je fais jouer
ensemble. L'alchimie fonctionne bien
et tout le monde a plaisir à travailler
et délivrer ensemble". A la fois coach et
sélectionneur, il fait son marché dans
les meilleures écoles de la Place : Marc
Lebrun vient d'Edmond de Rotschild
Corporate Finance, Romain Massiah
de Clearwater International, Louis Vercken de DC Advisory, Antoine
Tanguy de PwC... Si Fidal et BPCE
sont actionnaires de la boutique, la
majorité de la structure est détenue
par les managers. "Nous avons
une culture d'entreprise forte chez
Adviso Partners", reprend le fondateur.
"Les nouveaux membres de l'équipe
adhèrent à un projet. Adviso Partners
est une maison, pas un repère de
banquiers qui font des deals. Notre
marque de fabrique est d'être
pragmatiques, engagés, exigeants,
éthiques mais aussi sympathiques.
Sérieux sans se prendre au sérieux."
"Chirurgien, pas masseur"
Malgré sa taille encore modeste, la
boutique tient à son positionnement
de généraliste, "ce qui ne nous interdit
pas d'être hyper compétents dans
nos verticales sectorielles", précise le
dirigeant. Et protège la structure du
conflit d'intérêt en l'écartant de toute
dépendance de tel ou tel acheteur
désigné dans un secteur donné.
"Mon métier c'est d'être chirurgien,
pas masseur", s'amuse Bertrand
Thimonier. "Nous avons rapidement
une vision de l'opération et amenons
les contreparties à cet objectif.
C'est notre volumétrie et notre
potionnement stratégique qui fait
que je n'ai aucun problème à lâcher
les coups". Cette approche ouverte
permet à Adviso Partners de mener
en 2020 à la fois la cession de la filiale
de promotion immobilière du groupe
Rabot Dutilleul, Nacarat, à Procivis
Nord, mais aussi le MBO du coursier Top Chrono, repris à 51% par Siparex
et Bpifrance. On retrouve également
l'an dernier la boutique de Bertrand
Thimonier dans deux opérations de
cession de laboratoires : celle du
Centre Biologie Nord Artois (CBNA)
au groupe d'analyses médicales suisse
Unilabs, contrôlé par Apax Partners
depuis 2007, et celle du Laboratoire
des Cèdres racheté par Inovie, luimême
repris en fin d'année par un pool
constitué d'Ardian, Mubadala, GIC et
APG à la faveur d'un LBO minoritaire.
Adviso Partners était également de la
partie pour la cession par la famille
fondatrice, le Crédit Mutuel Equity et
Arkéa Capital du transporteur breton
Le Calvez au groupe Jacky Perrenot,
détenu depuis début 2020 par Siparex
et EMZ Partners.
Advision
Adviso développe en parallèle une
verticale dédiée à l'impact, en
conseillant par exemple à l'automne
dernier les actionnaires de Nous
Epiceries Anti-gaspi dans le cadre d'une
levée de fonds de 8 millions d'euros
auprès d'Eutopia, Quadia et Danone
Manifesto Ventures. Une opération qui
"correspond parfaitement aux projets
qu'Adviso Impact affectionne tout particulièrement : des entrepreneurs
engagés, un positionnement précurseur
sur les enjeux de notre planète,
et un projet de croissance alliant
performances financières, sociales
et environnementales", se félicitait
lors du closing Guillaume Dary,
associé d'Adviso Partners. Concentré
sur le business, Adviso n'en délaisse
pas l'engagement citoyen. Depuis
septembre dernier, les collaborateurs
sont chacun mentors d'un jeune de
seconde du lycée Gustave Eiffel de
Gagny, en Seine-Saint-Denis. Ils
consacrent un mercredi après-midi
par mois à leurs poulains, ce jusqu'au
bac, pour entre autres les accompagner
dans leur orientation. Un fonds de
dotation baptisé "Autrement Adviso"
a depuis sa création en mars 2019
charge de "redistribuer une partie
de ses ressources au service de projets
qui servent le bien commun". Doté de
quelque 150.000 euros, il participe au
financement d'associations comme la
Fondation Espérance Ruralités ou le
Café Joyeux, qui forme et emploie des
personnes majoritairement atteintes de
trisomie 21 ou de troubles cognitifs
comme l'autisme. Côté business,
Adviso dispose en ce moment d'une
cinquantaine de mandats en cours
d'exécution, avec pour objectif de parvenir à 75 - 80 d'ici deux ans,
en essayant de maintenir le taux de
transformation actuel, de l'ordre de
75%. "Nous avons pour ambition
de compter parmi les trois leaders
du marché à horizon 2025 dans nos
métiers de conseil en opérations de
haut de bilan small et mid cap",
résume Bertrand Thimonier. Ce qui
passe par le doublement du nombre
d'opérations, du chiffre d'affaires,
de l'équipe aussi. A court terme,
la structure va d'ailleurs renforcer
l'effectif de ses bureaux en régions
et les pratiques de debt advisory, de
restructuring ou encore celle dédiée
aux transactions sur le foncier agricole
et viticole. "Notre situation actuelle
est plutôt solide", conclut le dirigeant,
"mais tout reste à faire en 2021 Et audelà
! Le meilleur reste à venir."
Voir l'article au format PDF