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Ceith se couvre d'un MBO aux dimensions RSE
07/2021

Le président de ce groupe de 205 M€ de revenus spécialisé dans l'enveloppe de l'habitat et la rénovation énergétique passe le flambeau à son DG François Guérin dans le cadre d'un MBO soutenu en minoritaire par Tikehau Capital, Ouest Croissance et Quadia.

En reprenant Cetih en 1995 avec l'appui de Crédit Mutuel Equity et 3i, Yann Rolland avait hérité d'une entreprise de 10 M€ de chiffre d'affaires. Aujourd'hui, c'est une entité de 205 M€ de revenus qu'il transmet à François Guérin, présent dans ses effectifs depuis 2009, en impulsant par là même une nouvelle refonte du capital de ce groupe spécialisé dans l'enveloppe de l'habitat et la rénovation énergétique. Pour ce faire, les intéressés ont recours à un montage pour le moins atypique. Alors que Yann Rolland détenait jusqu'à présent 50 % des parts aux côtés de Sodero Gestion, Ouest Croissance et Crédit Mutuel Equity (38 %), du management (10 %) et d'une personne physique, il se déleste de 40 % de sa participation à un fonds de dotation philanthropique. Celui-ci devient actionnaire de référence de Cetih à hauteur de 35 % et dédiera les dividendes qu'il percevra au mécénat et aux associations solidaires dans les domaines de l'éducation alternative, et de l'aide aux femmes en précarité économique et affective. « Il m'importait que l'entreprise ne soit plus jamais subordonnée à la finance. Mon apport au fonds de dotation contribue à stabiliser l'indépendance de Cetih, mais aussi à agir pour le bien commun », exprime Yann Rolland, convaincu que philantropie et performance économique ne sont pas opposés.

Trois fonds minoritaires

La direction et les salariés passent quant à eux à 33 % (dont 14 % pour le nouveau président du groupe, contre 5 % précédemment), tandis que le reliquat est entre les mains de fonds sélectionnés par François Guérin, Yann Rolland et le comex : T2 Energy Transition, géré par Tikehau Capital, investisseur principal de l'opération, Ouest Croissance (actionnaire depuis 2007), et le véhicule Regenero géré par le suisse Quadia. Si les fonds interviennent traditionnellement en actions et en OC, ces dernières ont la particularité d'avoir une rémunération corrélée à des objectifs de performance RSE. « L'objectif était de trouver un fonds lead et des co-investisseurs bénéficiant, d'une part, d'un ancrage régional et, d'autre part, d'une empreinte RSE forte pour aider l'entreprise à progresser en la matière » commente Jean-Philippe Debas, président d'Equalis Capital, qui a approché une douzaine de fonds dans le cadre du process qu'il menait.

Des objectifs RSE

« Le prix étant préalablement fixé, les offres ont été départagées selon les conditions d'investissement et le contenu des pactes d'actionnaires », ajoute le responsable d'Equalis, qui gérera par ailleurs le fonds d'actionnariat salarié du groupe. Initialement mis en place en 2005 via une société des salariés qui avait permis à 200 collaborateurs d'être actionnaires, l'ancien dispositif laisse désormais place - pour les nouvelles souscriptions - à un FCPE permettant à plus de 650 collaborateurs sur les 1 300 que compte le groupe de monter au capital. L'ensemble du montage est soutenu par une dette senior, arrangée par le CIC Ouest, avec notamment la participation d'Arkea et la Caisse d'Epargne, comprenant également une rémunération indexée à des objectifs RSE. Selon nos informations, la valorisation retenue serait décotée de 20 % par rapport aux prix traditionnels du marché afin d'éviter un montage financier « trop tendu ».

Une entreprise à mission de plus !

Né pour mémoire en 1975 et établi à Machecoul (en Loire-Atlantique), Cetih commercialise sous les marques BeL'M, Zilten, SWAO, CID, SYSTOVI, Neovivo, Koov et Koobble plusieurs gammes de portes d'entrée, fenêtres, solutions solaires, ventilation et isolation. Ces solution éco-conçues sont fabriquées au sein de sept usines spécialisées et distribuées en multi-canal. Après un exercice à 205 M€ de revenus, le groupe s'attend à un atterrissage à 220 M€ à la fin de l'exercice (lequel clôt au mois d'août). Une croissance quasi-continue que l'ex-dirigeant impute à en grande partie à la politique RSE mise en place au début des années 2000 avec le mécanisme d'actionnariat, l'éco-conception et l'équipement de ses sites en panneaux photovoltaïques. « Je suis convaincu qu'il est possible de réaliser de réels profits, tout en développant une politique au service de l'humain. Ce postulat, inscrit de longue date dans les gènes de Cetih, est très fédérateur avec l'ensemble du personnel », ajoute Yann Rolland. Preuve de cet engouement collectif, le groupe vient de se doter d'une « mission », au sens de la Loi Pacte. Sa nouvelle raison d'être ? : « S'engager pour une entreprise et un habitat harmonieux, durables et tournés vers l'humain ». De fait, le nouvel actionnariat de Cetih embarque avec lui une nouvelle gouvernance, conjuguant un comité stratégique présidé par François Guérin et un comité de mission présidé par Virginie Raisson-Victor, notamment présidente du GIEC Pays de la Loire, destiné à suivre et exécuter la mission.

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