Le groupe de BTP nordiste a levé 6 millions d'euros en emprunt obligataire auprès d'investisseurs régionaux.
Le groupe de BTP familial Rabot Dutilleul, basé à Wasquehal, près de Lille, vient de lever 6 millions d'euros sous forme d'un emprunt obligataire auprès de quatre investisseurs régionaux : le fond Rev3 Capital (Nord Capital Partenaires) Reboost (Siparex), Finorpa et Nord Croissance (IRD) afin de financer son plan global de décarbonation.
L'impact carbone est devenu un des sujets majeurs du secteur de la construction. « Il nous faut agir sur l'ensemble de la chaîne de valeur, depuis la conception jusqu'à la réalisation », souligne François Dutilleul, président du groupe. Si la filiale construction commence à fabriquer plus de sous-ensembles en amont, elle veut aussi intervenir dès la conception du bâtiment. Elle a ainsi conçu un logiciel pour pousser l'écoconception des bâtiments.
Béton bas carbone
« Mais il nous faut investir dans de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles compétences, car piloter la conception d'un bâtiment n'est pas la même chose que piloter les travaux », ajoute le dirigeant. Le groupe a commencé à développer une offre utilisant la démarche européenne EnergieSprong consistant à rhabiller les bâtiments pour les isoler. Rabot Dutilleul mène un chantier de rénovation de ce genre sur 170 maisons à Wattrelos. Et il met au point avec ses fournisseurs des bétons bas carbone, des bétons de chanvre qu'il expérimente avec le bailleur social Maison et Cités, à Pecquencourt, dans le bassin minier. Il utilise aussi le bois ou un combiné bois et béton.
Rabot Dutilleul a privilégié l'emprunt obligataire car cela renforce sa structure de bilan. « C'est une sorte de prêt sur le long terme - six ans - suffisamment long pour être du quasi-fonds propre », explique François Dutilleul. Pour Guillaume Capelle, associé chez Adviso Partners, qui a conseillé le groupe, cette solution permet de « limiter la dilution du capital pour les actionnaires familiaux ». Cela « donne accès à une ressource longue, à la différence d'un emprunt bancaire qu'il faut rembourser rapidement et surtout qui aurait dû être affecté à une dépense ».
La société, revenue à l'équilibre en 2021, a été fragilisée par deux années déficitaires. Elle n'a conservé que 18 % de sa filiale de promotion Nacarat. Rabot Dutilleul prévoit de réaliser cette année 350 millions d'euros de chiffre d'affaires (dont 20 % en Belgique), comme en 2020. C'est le volume d'affaires qu'elle avait prévu en 2021 mais qui n'a finalement atteint que 295 millions « car des opérations ont été décalées avec les soubresauts de la crise sanitaire », explique François Dutilleul.